Le jeu excessif chez les mineurs décrypté

Le projet ENJEUX-Mineurs est une étude nationale sur les jeux d’argent et de hasard des mineurs en France. La recherche publiée pour ce numéro présente des analyses complémentaires des données sur les pratiques de jeux d’argent et de hasard des mineurs et permet de documenter les facteurs prédictifs du jeu excessif chez les jeunes de 15 à 17 ans.
Les points clés de cette analyse sont les suivants :

  • Les facteurs de risque individuels, notamment sociodémographiques, ont assez peu d’influence sur le jeu excessif, preuve d’une extension de ce comportement chez tous les jeunes. On relève néanmoins que la part de joueurs excessifs est significativement supérieure chez les garçons et parmi les jeunes dont les parents appartiennent à des catégories professionnelles supérieures.
  • Il existe un lien très fort entre la nature des jeux pratiqués et le jeu excessif. Les jeunes engagés dans une multi-activité (cumulant jeux de grattage, de tirage, paris sportifs, paris sur les compétitions de eSport…) représentent plus de la moitié des joueurs excessifs.
  • L’utilisation du support numérique (jeu en ligne) et des montants de mise élevés (supérieurs à 10 euros mensuels) sont pareillement associés à une plus forte prévalence du jeu excessif.
  • D’après les déclarations des jeunes, une très large majorité de parents sont au courant des activités de JHA de leurs enfants et, pour beaucoup, les accompagnent, mais ceci ne semble pas avoir un impact significatif sur les pratiques excessives. Toutefois, les situations de jeu excessif paraissent davantage associées à des modalités relationnelles dans lesquelles les parents sont peu au courant des loisirs de leurs enfants.
  • L’emprunt d’argent auprès de leurs amis ou camarades est un marqueur fort du jeu excessif ;
  • Concernant l’influence de la publicité (par laquelle près de 9 joueurs mineurs sur 10 déclarent avoir été touchés), la mémorisation des messages publicitaires ou la réception de publicités ciblées, telles que des vidéos de sportifs connus ou des posts d’influenceurs, sont plus présentes parmi les jeunes joueurs excessifs ;
  • Les jeunes joueurs excessifs rapportent bien plus fréquemment que les autres une expérience de gains marquants : ce lien avec le jeu excessif est très net s’agissant de l’expérience d’un gain en groupe d’amis ou celle d’un gain d’un autre joueur en point de vente ;
  • Certaines croyances erronées ou distorsions cognitives sont fortement associées au jeu excessif, ainsi “l’illusion de contrôle“, qui amène les jeunes à penser qu’ils peuvent maîtriser la chance ou qu’ils peuvent gagner leur vie en pratiquant ces jeux ;
  • Enfin, la moitié des joueurs excessifs déclarent des impacts sur leur vie quotidienne et une proportion importante des jeunes engagés dans une pratique excessive (4 sur 10) déclarent avoir eu besoin d’aide pour contrôler leur pratique ; cette proportion est deux fois plus importante que celle relevée chez les joueurs adultes.

Cet article est disponible en libre accès sur le site internet de la SEDAP ou dans la base de données sur notre site internet.